J’habite, tu habites, nous habitons

Maintenant, c’est ici

Un dispositif d’observation et d’échanges sur les lieux et les modes de vie


Démontrer, faits à l’appui, qu’il n’y a pas de complot, pas d’abandon, pas de volonté de nuire et que le débat n’oppose pas les « élites » au « peuple » ou les « métropoles » au « territoires » ne suffira pas. Il faut faire plus et mieux pour aller vers ceux qui sont tentés de camper dans un repli amer, les aider à prendre conscience qu’ils sont eux aussi des acteurs de leur modes de vie. Il faut placer les habitants au centre.


Pourquoi ce projet ?

L’idée qu’il existerait des « territoires oubliés » ou une « ruralité abandonnée » est tellement puissante qu’on ne peut compter seulement sur la production de connaissances rationnelles pour dégonfler les rumeurs et dépasser les mythes.

Les enquêtes successives montrent une réelle étanchéité de ces perceptions à la démonstration de leur inconsistance. Le succès de partis qui ne cessent d’utiliser ces ressorts simplistes pour se renforcer invite à la réflexion et à l’action inquiète.

Il ne faut bien sûr pas renoncer à penser la complexité et à argumenter grâce à des connaissances rigoureuses. Cependant, si l’on veut que ces connaissances influencent la société, il paraît utile de combiner ces raisonnements et ces informations avec des leviers d’échange et d’interaction complémentaires.

On peut le faire avec sérieux, mais dans la bonne humeur et le dialogue, en faisant apparaître ce que chaque lieu, chaque mouvement, chaque manière de séjourner ou de se mouvoir recèle de créativité et de projection vers l’avenir.

Il s’agit aussi d’instituer les habitants comme acteurs et non comme victimes structurelles, ni comme pécheurs invétérés prédateurs de la nature. L’enjeu, c’est un nouveau récit porté par les habitants eux-mêmes qui prenne la place tant de la plainte que de la mortification.

Chacun a compris que les élèves doivent être au centre de l’éducation et les patients au centre de la santé. Ce projet vise à placer les habitants au centre de leurs espace de vie et des territoires qu’ils animent.


Quels objectifs ?

  • Produire et diffuser des connaissances sur les modes d’habiter et sur les lieux habités et en débattre pour faire en sorte que celles et ceux qui les pratiquent s’y sentent bien et prennent conscience qu’ils en sont les protagonistes.

  • Contribuer à placer le monde des lieux du côté du couple égalité-liberté, plutôt que de l’identité perdue et de la contrainte.

  • Mettre en place un outil léger et agile qui intervienne par la production et la diffusion des connaissances sur les manières dont les gens habitent les lieux, les territoires, les réseaux, la Terre.

  • Sur chaque problème ou enjeu, proposer des entrées simples, souvent ludiques, pour inciter chacun à s’y impliquer de manière attractive et sereine. Ne pas avoir peur d’associer psychologie (ce que je veux pour moi) et politique (ce que je veux pour la société) qui sont, dans la société d’individus où nous évoluons de plus en plus imbriquées.

Maintenant, c’est ici propose une manière de regarder avec bienveillance chaque lieu petit ou grand mais aussi ce qu’ils nous permettent de voir de la société dans son ensemble.

On ne cherche ni coupables, ni victimes : le territoire, c’est aussi et d’abord les habitants qui le font. Il s’agit d’accepter ce qu’on est et d’en faire un point de départ pour faire encore mieux. La démarche ne consiste en aucun cas à faire la leçon aux habitants, leur dévoiler une vérité d’eux-mêmes qui leur aurait été occultée, ni même à leur injecter une dose d’optimisme prête à l’emploi.

Tout au contraire, il faudra en passer par les expériences effectives telles que nos interlocuteurs se les représentent, faites de moments de sérénité et d’accomplissement mais aussi d’épreuves de toute sorte. Les individus contemporains disposent de ressources multiples qui se réduisent de moins en moins à l’univers du salariat ou de la famille. Ils sont presque tous, pour une part, chefs de la petite entreprise qu’est leur vie personnelle. Dans ce cadre ouvert mais stressant, où guette la fatigue d’être soi, on peut être tenté de regretter les cadres durs mais rassurants qu’on croit discerner dans le passé.

Et c’est à partir de ce tissu biographique texturé que l’on peut espérer voir émerger un tableau de bord de conquête d’une souveraineté personnelle sur son destin. Le terme de souveraineté, qui, à propos de la nation, est souvent l’occasion d’exprimer une nostalgie amère d’un univers menacé, peut alors être relu comme un horizon, à la fois intime et partagé, à dessiner avec ses concitoyens. Ce point de départ, c’est le constat à partager que nous sommes tous acteurs de notre vie et que, dès lors que nous en sommes conscients, nous pouvons activer un triptyque fondé sur la « transitivité actorielle » : j’agis pour inventer ma vie/j’ai confiance en moi/j’ai confiance en les autres pour que nous inventions nos vies ensemble.

Il sera aussi question d’interroger la puissance publique à toutes échelles pour savoir si elle nous aide, ou pas, à vivre bien dans les lieux que nous avons choisis pour y vivre.

Enfin, les pratiques du présent seront systématiquement valorisées comme les esquisses de futurs désirables. Des exercices de prospective pragmatique (interroger nos désirs d’aujourd’hui pour habiter demain) occuperont une place notable dans l’édifice.


Comment ?

Quatre types d’actions (4R) qui associent la production de connaissances, l’usage qu’on peut en faire et la sensibilisation d’un large public de citoyens-habitants.

Recherche (travaux sur les modes d’habiter fixes et mobiles contemporains, en s’appuyant à la fois sur des données massives et des enquêtes fines pour trouver des métriques qui rendent justice à l’action des acteurs engagés dans le maillage).

Référence (site et publications, un portail d’informations et d’analyses accessibles à tous).

Rencontres (événements, conversations directes avec le grand public).

Réseaux (animation des réseaux sociaux pour rendre les activités de l’observatoire accessibles à tous, formations d’acteurs locaux).


Quelques pistes de réflexion

  • Au pays des opéras et des salons de coiffure. Une cartographie des services à l’habitant.

  • Bouger, c’est vivre. L’importance de la mobilité dans la liberté de l’individu d’aujourd’hui.

  • Être d’ici, aller là. L’interpénétration entre séjour et mouvement dans la vie quotidienne.

  • Être touriste sans se déplacer ? Les métamorphoses du tourisme.

  • Avec/après le numérique, la réinvention des belles choses : la boulangerie, le restaurant, la lettre, le livre, le cinéma, la plage…

  • Quelque part, partout ou nulle part : stratégies d’entreprise.

  • Le proche, la proximité, c’est quoi ? : le territoire à la bonne échelle.

  • L’ici des ailleurs : connaître et comprendre les manières d’habiter à travers le Monde.

  • Au-delà des contraintes, mes choix : comment définir un mode de vie idéal dans des lieux agréables et une stratégie pour y parvenir.

  • Au bureau de poste ou à laposte.fr ? : gérer le quotidien en présentiel ou en distanciel.

  • En fanfare, Vingt dieux, La pampa, Leurs enfants après eux : et si on remettait tout le monde sur la carte ?

  • Le futur est ailleurs, ici : une invitation à habiter le futur plutôt qu’à le craindre.


Productions

Maintenant, c’est ici produira des enquêtes et analyses des données, des analyses, des recherches, des sondages, des enquêtes qualitatives, et des dispositifs interactifs sur les manières dont l’espace français est habité à toutes les échelles.

Cela passe par des travaux à l’échelle nationale (Maintenants) et par des événements localisés dans des villes grandes et petites et à la campagne (Icis).

Dans tous les cas une communication multidimensionnelle sera conçue comme partie intégrante de l’action.

  1. Maintenants. Habiter, c’est aussi, à toutes les échelles, cohabiter

Le volet « Maintenants » du projet se présentera d’abord un observatoire et un portail nourris d’informations et d’enquêtes constamment mises à jour et comprenant une interface d’échange avec les utilisateurs. Les productions de La France habitée, qui exploitent des données téléphoniques exhaustives avec une grande finesse spatiale et temporelle, y seront en bonne place et pourront être déclinées à diverses échelles grâce à un site interactif. Dans la continuité avec les chantiers de la mesure des habitants, l’objectif principal consistera à intégrer les apports des données téléphoniques et d’autres données à la même échelle (Iris ou carreau) de manière à proposer des portraits multiscalaires (du quartier au Monde) de l’espace français.

Cet observatoire sera articulé à la démarche de Géonexio comme composante de production et de diffusion des connaissances visant en particulier les professionnels.

Chaque année au moins un sondage, une enquête qualitative ou un forum citoyen (convention en petit format) seront effectués à l’échelle nationale Ces dispositifs pourront aussi utiliser la « société » des salariés du groupe Transdev comme « échantillon ».

Ces dispositifs permettront, en plaçant les habitants et leur vie concrète au centre des questionnements prendre le pouls de la société française d’une autre manière que ce que nous en dit la scène politique institutionnelle, traitent dans l’abstrait, tels que la mobilité, les logiques de l’habiter, la conscience écologique et ce qu’il en résulte, les enjeux de l’éducation et de la santé, les équations du vivre-ensemble et les horizons de futurs possibles.

2. Icis. Nous fabriquons les lieux en les habitant 

Le volet « Icis » part des lieux de la vie quotidienne et vise à mettre en mouvement des sociétés locales souvent menacées de déchirures, pour atteindre une cohabitation raisonnée et bienveillante de toutes leurs composantes. C’est tout particulièrement là que se jouera la capacité à faire vivre le triptyque de la « transitivité actorielle ». Il s’agira donc d’aller à la rencontre d’habitants qui ne nous attendent pas, ce qui suppose d’être imaginatif et de ne pas être économes de l’énergie dépensée pour y parvenir.

Une convention citoyenne recrutant des individus par tirage au sort pour en faire un échantillon représentatif sera organisée dans une société locale, à la maille de l’aire urbaine, sur un thème en lien avec le projet. Dans les constats comme dans les attentes, l’exercice permettra de mettre en valeur la multiplicité des acteurs qui concourent à la vie locale, ceux qui opèrent à sa propre échelle, mais aussi à bien d’autres, notamment nationale et européenne. « Placer les habitants au centre », ce n’est donc pas simplifier à bon compte, c’est donner à comprendre à chacun la complexité de son monde quotidien, comme condition pour y prendre prise.

Les dispositifs de démocratie interactive ont montré leur utilité en permettant à chaque participant de prendre le rôle d’un décideur capable de délibérer avec d’autres décideurs, en manifestant des qualités de bienveillance, d’audace et de responsabilité qui complètent utilement la vie politique habituelle. Les expériences ont montré que les citoyens assument sans difficulté ce type de mission en acceptant d’aller au-delà de leurs demandes personnelles ou corporatives.

Par ailleurs, des rencontres entre les habitants de la société locale qui, le plus souvent s’ignorent, seront organisées, systématiquement sous une forme interactive, avec des démarches ludiques ou culturelles : promenade surprise vers les lieux de résidence des autres habitants du territoire, propositions de jeux géographiques ou de pratiques culturelles sans compétence prérequise, associes à la découverte d’endroits méconnus.

Des exercices d’urbanisme plaçant les habitants au centre contribueront à une prospective pragmatique, c’est-à-dire à des représentations du futur qui placent au premier plan les attentes des petits mais influents acteurs que sont devenus les individus contemporains. Habiter, c’est aussi habiter le futur, dessiner des horizons et concevoir des stratégies à l’échelle de quelques années ou de sa vie tout entière – ce que font en permanence les individus et qui contribuent, par petites touches mais puissamment, à orienter les dynamiques sociales d’ensemble.

Une animation permanente du débat sur les lieux de vie et les territoires dans les réseaux sociaux.

L’idée fondatrice est que la communication sur les actions sera pensée en amont et intégrée dans le projet de tels sortes que ses résultats puissent intéressés les citoyens sans formation particulière et passer par les canaux que ces habitants utilisent : réseaux sociaux, médias numériques, médias locaux, tous dispositifs permettant d’intéresser ceux qui se détournent par ennui ou par choix, de la communication institutionnelle descendante.

Enfin, d’autres dispositifs pourront être mis en place à d’autres échelles infranationales, locales ou régionales, en synergie avec les élus et leurs démarches, sur des enjeux spécifiques aux territoires concernés.

Des enquêtes nationales et des dispositifs locaux, seront tirés chaque année des indicateurs et des recommandations qui seront portés sur la scène publique à destination des acteurs et visant l’amélioration des politiques publiques.


L’équipe

Maintenant, c’est ici sera organisé sous la forme entité autonome multipartenariale structurée par des conventions avec le rhizome de recherche Chôros. Elle se développera de manière souple sur une certaine durée (avec des mandats d’un an renouvelables), afin de rendre possible une montée en puissance et des résultats significatifs.

Elle comprendra

une task-force opérationnelle organisée autour de Chôros (production de données, recherche, événements, communication).

Composition : Armand Pons (chef de projet), Katia Canova, Marie Dougnac, Émilie Gallardo, Olivier Lazzarotti et Jacques Lévy.

un comité de pilotage stratégique, comprenant, outre la task-force, des experts et l’ensemble des financeurs qui aura en charge d’apporter ses compétences pour préparer, évaluer et faire progresser le travail de l’ensemble de l’équipe.

Partenaires déjà impliqués : Chôros, Transdev, PUCA, Terra Nova, Ifop, Institut Terram, Fondation Jean Jaurès, Acadie, POPSU.